Couteaux customs: Pour celui qui m'a appris à me servir d'une scie !! (Pour mon p'tit papa...)

lundi 26 décembre 2011

Pour celui qui m'a appris à me servir d'une scie !! (Pour mon p'tit papa...)

Opinel® custom N°7 Inox, Ebene, Cocobolo, Bois de rose et ivoire Rouge, filets en Charme, Acajou et ...

2 commentaires:

Unknown a dit…: Comment ne pas commenter positivement chacune de tes réalisations ? Elles sont d'une très grande élégance !
Bravo !; 31 décembre 2011 à 06:30
Anonyme a dit…: Merci pour cette présentation si émouvante pour moi. Le réel est encore plus beau que la photo mais quelle émotion de le tenir en main...; 22 janvier 2012 à 10:08

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Un couteau dans la poche

" Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyou à cran d'arrêt. Mais pas non plus un canif. Disons, un opinel n° 6, ou un laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui d'un hypothétique et parfait grand-père. Un couteau qu'il aurait glissé dans un pantalon de velours chocolat à larges côtes. Un couteau qu'il aurait tiré de sa poche à l'heure du déjeuner, piquant les tranches de saucisson avec la pointe, pelant sa pomme lentement, le poing replié à même la lame. Un couteau qu'il aurait refermé d'un geste ample et cérémonieux, après le café bu dans un verre - et cela aurait signifié pour chacun qu'il fallait reprendre le travail.

Un couteau que l'on aurait trouvé merveilleux si l'on était enfant : un couteau pour l'arc et les flèches, pour façonner l'épée de bois, la garde sculptée dans l'écorce - le couteau que vos parents trouvaient trop dangereux quand vous étiez enfant.

Mais un couteau pour quoi ? Car l'on n'est plus au temps de ce grand-père, et l'on n'est plus enfant. Un couteau virtuel, alors, et cet alibi dérisoire :- Mais si, ça peut servir à plein de choses, en promenade, en pique-nique, même pour bricoler quand on n'a pas d'outil...

Ça ne servira pas, on le sent bien. Le plaisir n'est pas là. Plaisir absolu d'égoïsme : une belle chose inutile de bois chaud ou bien de nacre lisse, avec le signe cabalistique sur la lame qui fait les vrais initiés : une main couronnée, un parapluie, un rossignol, l'abeille sur le manche. Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s'attache à ce symbole de vie simple. À l'époque du fax, c'est le luxe rustique. Un objet tout à fait à soi, qui gonfle inutilement la poche, et que l'on sort de temps en temps, jamais pour s'en servir, mais pour le toucher, le regarder, pour la satisfaction benoîte de l'ouvrir et de le refermer. Dans ce présent gratuit le passé dort. Quelques secondes on se sent à la fois le grand-père bucolique à moustache blanche et l'enfant près de l'eau dans l'odeur du sureau. Le temps d'ouvrir et refermer la lame, on n'est plus entre deux âges, mais à la fois deux âges - c'est ça, le secret du couteau."

''Philippe Delerm - La première gorgée de bière (et autres plaisirs minuscules).''